L’Eglise nous propose comme pièce d’ouverture de la Messe de la Pentecôte, l’introït « Spiritus Domini » :
Spíritus Dómini replévit orbem terrárum, allelúia : et hoc quod cóntinet ómnia, sciéntiam habet vocis,allelúia, allelúia, allelúia.
L’Esprit du Seigneur remplit l’univers, alléluia : et lui, qui tient unies toutes choses, possède la science du langage,alleluia, alleluia, alleluia.
Cette fête se situe cinquante jours après Pâques. « Dans les Actes des Apôtres, les disciples étaient réunis en prière au Cénacle lorsque l’Esprit Saint descendit sur eux avec puissance, comme du vent et comme du feu. Ils se mirent alors à annoncer en plusieurs langues la bonne nouvelle de la résurrection du Christ (cf. 2, 1-4). Ce fut « le baptême dans l’Esprit Saint », qui avait déjà été annoncé par Jean Baptiste : « Pour moi, je vous baptise dans de l’eau, disait-il à la foule… mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu » (Mt 3, 11). En effet, toute la mission de Jésus avait pour objectif de donner l’Esprit de Dieu aux hommes et de les baptiser dans son « bain » de régénération. Cela s’est réalisé par sa glorification (cf. Jn 7, 39), c’est-à-dire à travers sa mort et sa résurrection : l’Esprit de Dieu a alors été répandu en surabondance, comme une cascade capable de purifier tous les cœurs, d’éteindre l’incendie du mal et d’allumer dans le monde le feu de l’amour divin. » »1
C’est la réalisation de la promesse que le Christ avait faite à ses Apôtres avant sa Passion : « Lorsque viendra le Paraclet, que moi je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui provient du Père, c’est lui qui témoignera à mon sujet. » (Jn 15, 26) Un peu plus loin le Christ explique le rôle du Paraclet : « Et, une fois venu, celui-là confondra le monde à propos de péché, de justice, et de jugement » (Jn 16, 8) ou encore « j’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les porter à présent. Quand il viendra, celui-là, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité totale. » (Jn 16, 12, 13)
Le vent de l’Esprit Saint s’est manifesté à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament. Ici, par sa venue, il vient changer les cœurs. « Et tandis que les langues de feu paraissaient au-dehors, leurs cœurs au-dedans devenaient de flamme, car recevant Dieu sous la forme de feu apparent, ils se mirent à brûler d’un amour très doux (cf. Ac 2, 1-4) »2.
Par l’Incarnation, Dieu s’est fait homme, sans cesser d’être ce qu’Il est. Par la Pentecôte, les hommes ont reçu la divinité du Ciel : « La Pâque du Christ s’accomplit dans l’effusion de l’Esprit Saint qui est manifesté, donné et communiqué comme Personne divine : de sa Plénitude, le Christ, Seigneur, répand à profusion l’Esprit (cf. Ac 2,36) »3. Par le don de l’Esprit, l’Eglise naissante pourra se développer jusqu’à la fin des temps : « Le Royaume annoncé par le Christ est ouvert à ceux qui croient en Lui: dans l’humilité de la chair et dans la foi, ils participent déjà à la Communion de la Trinité Sainte. Par sa venue, et elle ne cesse pas, l’Esprit Saint fait entrer le monde dans les « derniers temps », le temps de l’Eglise, le Royaume déjà hérité, mais pas encore consommé: « Nous avons vu la vraie Lumière, nous avons reçu l’Esprit céleste, nous avons trouvé la vraie foi: nous adorons la Trinité indivisible car c’est elle qui nous a sauvés » (Liturgie byzantine, Tropaire des vêpres de Pentecôte; il est repris dans les Liturgies eucharistiques après la communion) »4.
Une mélodie toute simple, mais riche d’expression, de plénitude et d’éclat, introduit dans la profondeur du mystère de ce jour. Le 8e mode utilisé ici offre une grandeur, une souplesse, une légèreté caractérisant l’action de l’Esprit Saint dans les cœurs des Apôtres et par la suite en nos cœurs. De nombreux balancements, de larges envolées ponctuent la mélodie évoquant l’action du vent, les battements aériens des ailes d’une colombe, la puissance du feu ; vent, colombe, feu manifestent dans la Bible la présence de l’Esprit Saint. Aussi, l’Esprit Saint semble jaillir de la mélodie, pourvu que celle-ci soit chantée avec souplesse dans l’amour de Dieu et comme la prière de l’Eglise.
Deux phrases musicales composent cet introït. L’intonation part du ‘ré’ grave pour s’établir autour de la tierce ‘fa – la’ avec une succession de trois rythmes ternaires rappelant le vol de la colombe. On soignera notamment les deux accents au levé de ‘Spíritus’ et ‘Dómini’ qui renforcent magnifiquement l’élan de cette intonation.
Puis la mélodie s’envole. L’Esprit Saint souffle sur la terre entière, Il remplit l’Univers. La mélodie s’établit autour de la dominante du 8e mode par une montée ‘fa – la – do’ ; l’apex, ou sommet mélodique, se situe sur le mot ‘orbem’, « qui resplendit en pleine lumière »5. L’Esprit Saint règne sur le monde. Il est là pour nous, envoyé par le Père, uni au Fils dans la Trinité divine. Qu’attendons-nous pour le prier ! La mélodie poursuit sur la teneur ‘do’ avec l’accent au levé, cependant au grave, de ‘terrárum’. Cette première phrase se conclut par un ‘alleluia’ caractéristique du temps pascal qui nous permet de revenir sur la finale habituelle du 8e mode, le ‘sol’, tout en assurant la structure musicale, et donc la fermeté mélodique, par la présence de la sous-finale ‘fa’. Aucune dureté mélodique dans cette phrase qui ne semble pas sonner comme un tetrardus. En effet, la pièce avec son départ sur ‘ré’ débute en protus. Puis la quinte ‘fa-la-do’ laisse entendre un tritus ! Que d’équivoque modale, mais quelle unité, quelle ligne mélodique !
La deuxième phrase repart du ‘fa’ et immédiatement, à l’aide d’un podatus de quarte, monte vers la dominante sur le mot ‘hoc’. Avec un léger va et vient, évoquant les battements des ailes de la colombe ou la danse des flammes, la mélodie oscille entre le ‘sol’ et le ‘do’. L’apex sur le verbe ‘habet’ manifeste la toute puissante de Dieu qui possède toutes les qualités de manière parfaite et infinie. On veillera à ne pas trop relâcher le chant sur le torculus de la syllabe finale de ‘scientiam’. Ce torculus, dit ‘de conduit’, prépare la montée de ‘habet’. De même, pas de respiration, il faut viser l’apex de la phrase.
Enfin, la mélodie se conclut sur trois alleluia. Le premier, dans un ambitus assez réduit, une tierce, semble réservé. Il prépare le second, plus aérien qui repart autour de la dominante ‘do’. Enfin, le troisième, identique à celui de la première phrase, vient conclure majestueusement la pièce, avec la présence de la sous-finale ‘fa’ qui assure un fondement modal stable et ferme.
Dieu possède la plénitude, la science du langage, la connaissance de toute parole. La séquence ‘Veni Sancte Spiritus’ ou encore l’hymne des Vêpres ‘Veni Creator’ viendront développer les sept dons du Saint–Esprit que nous offrent Dieu dans sa Miséricorde.
« Invoquons donc l’intercession de la très Sainte Vierge Marie afin qu’elle obtienne à l’Eglise de notre temps d’être puissamment fortifiée par l’Esprit Saint. Et en particulier, que les communautés ecclésiales qui subissent la persécution en raison du nom du Christ, ressentent la présence réconfortante du Consolateur afin que, participant à ses souffrances, elles reçoivent en abondance l’Esprit de gloire. »6
Introït Spiritus Domini
L’Eglise nous propose comme pièce d’ouverture de la Messe de la Pentecôte, l’introït « Spiritus Domini » :
Spíritus Dómini replévit orbem terrárum, allelúia : et hoc quod cóntinet ómnia, sciéntiam habet vocis,allelúia, allelúia, allelúia.
L’Esprit du Seigneur remplit l’univers, alléluia : et lui, qui tient unies toutes choses, possède la science du langage,alleluia, alleluia, alleluia.
Cette fête se situe cinquante jours après Pâques. « Dans les Actes des Apôtres, les disciples étaient réunis en prière au Cénacle lorsque l’Esprit Saint descendit sur eux avec puissance, comme du vent et comme du feu. Ils se mirent alors à annoncer en plusieurs langues la bonne nouvelle de la résurrection du Christ (cf. 2, 1-4). Ce fut « le baptême dans l’Esprit Saint », qui avait déjà été annoncé par Jean Baptiste : « Pour moi, je vous baptise dans de l’eau, disait-il à la foule… mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu » (Mt 3, 11). En effet, toute la mission de Jésus avait pour objectif de donner l’Esprit de Dieu aux hommes et de les baptiser dans son « bain » de régénération. Cela s’est réalisé par sa glorification (cf. Jn 7, 39), c’est-à-dire à travers sa mort et sa résurrection : l’Esprit de Dieu a alors été répandu en surabondance, comme une cascade capable de purifier tous les cœurs, d’éteindre l’incendie du mal et d’allumer dans le monde le feu de l’amour divin. » »1
C’est la réalisation de la promesse que le Christ avait faite à ses Apôtres avant sa Passion : « Lorsque viendra le Paraclet, que moi je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui provient du Père, c’est lui qui témoignera à mon sujet. » (Jn 15, 26) Un peu plus loin le Christ explique le rôle du Paraclet : « Et, une fois venu, celui-là confondra le monde à propos de péché, de justice, et de jugement » (Jn 16, 8) ou encore « j’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les porter à présent. Quand il viendra, celui-là, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité totale. » (Jn 16, 12, 13)
Le vent de l’Esprit Saint s’est manifesté à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament. Ici, par sa venue, il vient changer les cœurs. « Et tandis que les langues de feu paraissaient au-dehors, leurs cœurs au-dedans devenaient de flamme, car recevant Dieu sous la forme de feu apparent, ils se mirent à brûler d’un amour très doux (cf. Ac 2, 1-4) »2.
Par l’Incarnation, Dieu s’est fait homme, sans cesser d’être ce qu’Il est. Par la Pentecôte, les hommes ont reçu la divinité du Ciel : « La Pâque du Christ s’accomplit dans l’effusion de l’Esprit Saint qui est manifesté, donné et communiqué comme Personne divine : de sa Plénitude, le Christ, Seigneur, répand à profusion l’Esprit (cf. Ac 2,36) »3. Par le don de l’Esprit, l’Eglise naissante pourra se développer jusqu’à la fin des temps : « Le Royaume annoncé par le Christ est ouvert à ceux qui croient en Lui: dans l’humilité de la chair et dans la foi, ils participent déjà à la Communion de la Trinité Sainte. Par sa venue, et elle ne cesse pas, l’Esprit Saint fait entrer le monde dans les « derniers temps », le temps de l’Eglise, le Royaume déjà hérité, mais pas encore consommé: « Nous avons vu la vraie Lumière, nous avons reçu l’Esprit céleste, nous avons trouvé la vraie foi: nous adorons la Trinité indivisible car c’est elle qui nous a sauvés » (Liturgie byzantine, Tropaire des vêpres de Pentecôte; il est repris dans les Liturgies eucharistiques après la communion) »4.
Une mélodie toute simple, mais riche d’expression, de plénitude et d’éclat, introduit dans la profondeur du mystère de ce jour. Le 8e mode utilisé ici offre une grandeur, une souplesse, une légèreté caractérisant l’action de l’Esprit Saint dans les cœurs des Apôtres et par la suite en nos cœurs. De nombreux balancements, de larges envolées ponctuent la mélodie évoquant l’action du vent, les battements aériens des ailes d’une colombe, la puissance du feu ; vent, colombe, feu manifestent dans la Bible la présence de l’Esprit Saint. Aussi, l’Esprit Saint semble jaillir de la mélodie, pourvu que celle-ci soit chantée avec souplesse dans l’amour de Dieu et comme la prière de l’Eglise.
Deux phrases musicales composent cet introït. L’intonation part du ‘ré’ grave pour s’établir autour de la tierce ‘fa – la’ avec une succession de trois rythmes ternaires rappelant le vol de la colombe. On soignera notamment les deux accents au levé de ‘Spíritus’ et ‘Dómini’ qui renforcent magnifiquement l’élan de cette intonation.
Puis la mélodie s’envole. L’Esprit Saint souffle sur la terre entière, Il remplit l’Univers. La mélodie s’établit autour de la dominante du 8e mode par une montée ‘fa – la – do’ ; l’apex, ou sommet mélodique, se situe sur le mot ‘orbem’, « qui resplendit en pleine lumière »5. L’Esprit Saint règne sur le monde. Il est là pour nous, envoyé par le Père, uni au Fils dans la Trinité divine. Qu’attendons-nous pour le prier ! La mélodie poursuit sur la teneur ‘do’ avec l’accent au levé, cependant au grave, de ‘terrárum’. Cette première phrase se conclut par un ‘alleluia’ caractéristique du temps pascal qui nous permet de revenir sur la finale habituelle du 8e mode, le ‘sol’, tout en assurant la structure musicale, et donc la fermeté mélodique, par la présence de la sous-finale ‘fa’. Aucune dureté mélodique dans cette phrase qui ne semble pas sonner comme un tetrardus. En effet, la pièce avec son départ sur ‘ré’ débute en protus. Puis la quinte ‘fa-la-do’ laisse entendre un tritus ! Que d’équivoque modale, mais quelle unité, quelle ligne mélodique !
La deuxième phrase repart du ‘fa’ et immédiatement, à l’aide d’un podatus de quarte, monte vers la dominante sur le mot ‘hoc’. Avec un léger va et vient, évoquant les battements des ailes de la colombe ou la danse des flammes, la mélodie oscille entre le ‘sol’ et le ‘do’. L’apex sur le verbe ‘habet’ manifeste la toute puissante de Dieu qui possède toutes les qualités de manière parfaite et infinie. On veillera à ne pas trop relâcher le chant sur le torculus de la syllabe finale de ‘scientiam’. Ce torculus, dit ‘de conduit’, prépare la montée de ‘habet’. De même, pas de respiration, il faut viser l’apex de la phrase.
Enfin, la mélodie se conclut sur trois alleluia. Le premier, dans un ambitus assez réduit, une tierce, semble réservé. Il prépare le second, plus aérien qui repart autour de la dominante ‘do’. Enfin, le troisième, identique à celui de la première phrase, vient conclure majestueusement la pièce, avec la présence de la sous-finale ‘fa’ qui assure un fondement modal stable et ferme.
Dieu possède la plénitude, la science du langage, la connaissance de toute parole. La séquence ‘Veni Sancte Spiritus’ ou encore l’hymne des Vêpres ‘Veni Creator’ viendront développer les sept dons du Saint–Esprit que nous offrent Dieu dans sa Miséricorde.
« Invoquons donc l’intercession de la très Sainte Vierge Marie afin qu’elle obtienne à l’Eglise de notre temps d’être puissamment fortifiée par l’Esprit Saint. Et en particulier, que les communautés ecclésiales qui subissent la persécution en raison du nom du Christ, ressentent la présence réconfortante du Consolateur afin que, participant à ses souffrances, elles reçoivent en abondance l’Esprit de gloire. »6
1 Benoît XVI – Regina caeli – Place St Pierre, 11 mai 2008.
2 Saint Grégoire le Grand – Homélie sur les Evangiles, sermon 30.
3 Catéchisme de l’Eglise catholique 731.
4 Catéchisme de l’Eglise catholique 732.
5 Dom Gajard – Les Plus Belles Mélodies grégoriennes – page 164.
6 Benoît XVI – – Regina caeli – Place St Pierre, 31 mai 2009.